Le jour du gâteau

C’est jour de gâteau aux pommes à la crèche Burehof. La grande table est recouverte de farine. Les enfants ont fort à faire: certains sortent des morceaux de pâte du saladier, d’autres ont déjà le rouleau entre les mains, tandis que les derniers mettent la pâte dans le moule. Mais ici, on travaille en chanson. Assise entre les enfants, Susanne Kiener chante avec eux une chanson sur le foin. Cette institutrice à la retraite l’a écrite elle-même, comme tant de poèmes, de chansons et d’histoires de la crèche Burehof. «Encore!» crie un enfant, et c’est reparti de plus belle.

Une tâche pour chaque enfant

Pendant ce temps, un autre groupe d’enfants prépare la garniture. Janis enfile les pommes dans l’éplucheur mécanique, Arno tourne la manivelle avec ardeur et une épluchure longue d’un mètre s’échappe de la machine. «Regarde, la mienne est encore plus longue que la tienne!» s’exclame Arno. En cuisine, Andrin dispose les morceaux de pomme sur la pâte. Un peu de liaison par-dessus, et voilà, le dîner est prêt!

Une histoire de famille

La crèche Burehof est une institution à Habstetten. «J'ai commencé avec un enfant, dans notre salon», se souvient Susanne. Elle voulait offrir aux enfants du village la possibilité de découvrir la vie à la ferme. C’était il y a 23 ans. Susanne était alors enseignante et paysanne. Aujourd’hui, la crèche est installée dans une annexe spacieuse à côté de la ferme, vieille de plus de 200 ans. Elle accueille 18 enfants chaque jour. Toujours aussi passionnée par son activité, Susanne a toutefois confié la direction de la crèche à sa fille Sophie, qui a suivi une formation d’éducatrice de l’enfance. Sophie s’occupe des enfants avec sa sœur Bettina et cinq autres employé·es.

Le frère de Sophie, Severin, et sa femme Andrea, parents d’Andrin et Luisa, jouent également un rôle important: ils gèrent la ferme où se trouve la crèche. Tout le monde profite de cette collaboration. Les enfants de la crèche parce qu’ils découvrent toute la diversité d’une ferme, et les Kiener, parce que les enfants font des expériences positives avec l’agriculture. Expériences qu’ils emportent avec eux, dans leur famille. «Ici, les enfants sont plongés dans le monde de la ferme», explique Severin Kiener.

Rendez-vous à l’étable

La proximité avec la nature, les saisons et la météo est intentionnelle et fait vivre des moments très spéciaux aux enfants de la crèche Burehof. C’est pourquoi on ne déroge pas à la règle et, comme tous les jours, on enfile pantalons de pluie, bottes et veste. Il faut bien nourrir les animaux, même quand il pleut! Sophie aide les plus petits à s’habiller et rassemble le nécessaire. Les trognons et les épluchures de pomme sont mis dans un bac pour les lapins. «Ne mange pas tout, il faut en garder pour les lapins», lance Susanne à un garçon en train de grignoter une épluchure. Un petit groupe trottine déjà vers la grange, où les lapins frémissent d’impatience.

Le deuxième groupe est équipé de mini-brouettes: ils sont chargés de nettoyer les enclos des chèvres.

«Aujourd’hui, j’y vais seule», annonce Susanne. En raison du mauvais temps, toutes les chèvres sont à l’intérieur. Elles sont un peu trop fougueuses pour les jeunes enfants. «Nous sommes dans une ferme avec de vrais animaux, il ne faut jamais l’oublier», dit Susanne. Les enfants peuvent en revanche tout à fait transporter le fumier dans leur brouette et le font avec dévouement et gaieté. Brouettes, fourches, balais et arrosoirs: ici, tous ces outils existent en version miniature.

Pas un conte de fées

«Il est important pour nous que les enfants expérimentent la vie à la ferme», explique Sophie. «Nous ne voulons pas leur faire croire à un conte de fées, mais leur montrer le quotidien d’une exploitation agricole.» Concrètement, cela signifie que les enfants doivent parfois dire adieu à un petit veau qui part chez le boucher. Le principal secteur d’activité de Severin et Andrea est la production laitière et, dans une moindre mesure, la production de viande. Ils ont 35 vaches de race Swiss Fleckvieh, ainsi que 35 veaux par an – ils en gardent quelques-uns pour l’élevage. «La Tachetée rouge nous convient bien, car c’est une race à deux fins», explique Andrea. En d’autres termes, les vaches donnent moins de lait que les races à haut rendement, mais elles sont robustes et bien adaptées à la production de viande. Les vaches mangent de l’herbe, du foin, du maïs et des céréales – le tout produit à la ferme. «Nous produisons du "lait des prés" et ne leur donnons ni soja ni concentrés», déclare Severin.

Jouer et travailler en fonction des saisons

À la crèche Burehof, le programme varie au gré des saisons. Les enfants peuvent participer à de nombreux travaux de la ferme et apprennent à connaître la nature et la météo. Au printemps, ils plantent les pommes de terre; en été, ils vont cueillir des fraises des bois; en automne, ils aident à récolter les pommes et en hiver, ils ramassent les pommes de pin pour le feu. En hiver, lorsque la nature se repose, l’étable des Kiener devient le centre de toutes les attentions. Située un peu en dehors du village, elle est une destination appréciée des enfants de la crèche. Le lait fascine: «Nous montrons aux enfants tout ce qu’on peut faire avec du lait», raconte Sophie. Ensemble, ils fabriquent du beurre et font leurs propres yogourt, fromage, séré et mozzarella.

De la crèche aux familles

Les enfants sont aussi souvent dans les champs et au jardin. Comme pour la récolte des pommes de terre, que les enfants ramassent avec une vieille machine. «En automne, nous faisons cuire les pommes de terre directement dans le champ pour le goûter», explique Sophie. C’est un moment très attendu à la crèche.

Pommes de terre, sirop, confiture de fraises: les enfants participent à toutes les étapes et emportent avec eux le fruit de leur travail. «Les enfants racontent à la maison tout ce qu’ils font ici. Et cela a un effet sur les parents», dit Sophie avec conviction. Ça les rapproche un peu de l’agriculture. «Les enfants vivent ici une partie de l’enfance que j’ai connue. C’est un bonheur de leur transmettre cela.»