Alimentation durable et à base végétale: une réflexion globale pour la Suisse
Le bien-être animal, l'impact environnemental et le climat sont des critères de plus en plus décisifs dans nos choix alimentaires. Les consommateurs·trices sont toujours plus nombreux à vouloir préserver les ressources naturelles. À ce titre, on considère souvent que les produits d'origine végétale sont meilleurs pour l'environnement que ceux d'origine animale, dont l'empreinte écologique est pointée du doigt. Toutefois, outre les émissions de gaz à effet de serre, il faut considérer d'autres aspects comme le transport, la transformation, le stockage, la distribution, la consommation de terrain et d'eau, l'acceptation culturelle et sociale, la valeur nutritionnelle et le prix de l'aliment.
Mais existe-t-il vraiment un régime alimentaire qui coche toutes ces cases? Partout dans le monde, cette question préoccupe. Le symposium de cette année a permis d'aborder différentes approches. Le débat reste entier, ainsi que le résume Susann Wittenberg, responsable du projet: "L'équation d'une alimentation à la fois saine et plus durable nous donnera encore matière à réfléchir dans les prochaines années."
Alimentation et climat
"Les légumineuses comme les pois, les haricots, les pois chiches ou le soja sont des sources de protéines intéressantes pour l'alimentation humaine. Elles permettent une utilisation bien plus efficace des surfaces que le lait et la viande, tout en nuisant moins au climat. Néanmoins, les ruminants sont essentiels pour la sécurité alimentaire", a déclaré Urs Niggli (président d'agroecology.science) dans son exposé sur le rôle des ruminants. Selon lui, si l'on renonçait aux produits fournis par les 1,5 milliard de bovins que compte la planète, on perdrait aussi des surfaces agricoles utiles, car tous les terrains recouverts d'herbages ne se prêtent pas aux grandes cultures.
Ruminants et environnement
Dans son exposé, Enya Dessibourg est revenue sur les herbages et leur capacité à fixer du CO2. Selon la responsable de projet "Lait durable suisse" chez Swissmilk, la vache sert – à tort – de bouc émissaire dans le débat sur le climat. Les ruminants et leurs émissions s'inscrivent dans un cycle naturel. La vache fait ainsi partie non pas du problème, mais de la solution.
Valeurs nutritionnelles
Suffit-il de renoncer aux produits d'origine animale pour avoir une alimentation saine? Ulrike Gonder, journaliste scientifique indépendante et spécialiste de la nutrition, a fourni des éléments de réponse. "Le débat sur le développement durable donne souvent l'impression que les aliments d'origine animale sont mauvais pour l'environnement et le climat, mais aussi pour la santé – ou du moins qu'ils sont riches en nutriments indésirables. Il est grand temps de regarder les faits de plus près", déclare Ulrike Gonder.
Des intervenant·es de renom
Le reste du programme s'est avéré tout aussi riche et fourni, avec des intervenant·es de haut niveau et des questions pointues:
- Christian Schader (responsable Durabilité, Institut de recherche de l'agriculture biologique) a mis en lumière les conflits d'intérêts et les synergies en Suisse entre alimentation durable et alimentation saine. Son discours se fondait sur un projet interdisciplinaire réalisé dans le cadre du Programme national de recherche 69.
- Mark Drenhaus et Christine Müller (Ernährungsforum Bern) s'engagent avec le symposium sur l'alimentation de Berne pour développer un système alimentaire bernois reposant sur une base autonome et durable. Leur exposé portait sur le système alimentaire dans sa globalité et sur l'alimentation à base de plantes.
- Samuel Mettler (Haute école spécialisée bernoise, département de la santé) a parlé des recommandations en matière d'apport en protéines et de la valeur biologique de celles-ci. Il a abordé la question des protéines végétales dans l'alimentation: quels sont les effets d'une part accrue (ou exclusive) de ces protéines sur l'approvisionnement global en protéines et sur le bilan des protéines?
- Martin Schlatzer (Institut de recherche de l'agriculture biologique) a montré ce que signifierait une conversion complète à l'agriculture biologique au niveau mondial et national (Autriche et Suisse).
Conclusion
Le symposium virtuel de cette année a apporté divers éclairages, parfois surprenants, sur des questions importantes. "Le format en ligne a très bien fonctionné. Néanmoins, nous aimerions que le symposium ait de nouveau lieu sous forme physique l'année prochaine", conclut Susann Wittenberg.
Renseignements
Susann Wittenberg
BSc en écotrophologie, Swissmilk
symposium@swissmilk.ch
Reto Burkhardt
responsable Communication PSL
079 285 51 01