Communiqués de presse05.10.2022

Une recherche suisse proche de la pratique pour le lait suisse

Intitulé "La recherche suisse au service du lait suisse", le Forum du lait 2022 des Producteurs Suisses de Lait PSL s'est déroulé à Weinfelden dans le cadre des activités célébrant les 125 ans de Thurgauer Milchproduzenten TMP. Daniel Vetterli, président de TMP, et Hanspeter Kern, président de PSL, ont accueilli quelque 150 décideurs·euses de la filière du lait. Des intervenant·es issus du système de connaissances agricoles se sont penchés sur la question suivante: la recherche agricole suisse répond-elle aux attentes de l'économie laitière suisse? Tout le monde s'est accordé à dire que nous avons besoin d'une recherche agricole suisse autonome et indépendante, et que seule une bonne coordination entre les différents instituts de recherche et de formation permettra à la recherche de trouver des solutions aux défis actuels de la pratique. Actuellement, la pression de la société et du monde politique est encore trop forte et les barrières trop élevées pour pouvoir tenir compte directement des préoccupations de la pratique et du marché. Tout le monde s'accorde également à dire que seule une recherche systémique globale permettra d'atteindre les objectifs.

Cette année, le Forum du lait de PSL a réuni Daniel Vetterli, président de Thurgauer Milchproduzenten TMP et représentant du lait au sein du Conseil Agroscope, Manuel Hauser, président de l'Association de l'industrie laitière suisse VMI, Susanne Ulbrich, professeure en physiologie animale à l'Institut des sciences agronomiques de l'EPF de Zurich, Eva Reinhard, directrice d'Agroscope, et Beat Reidy, professeur en exploitation des herbages à la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL. La table ronde a été animée par le professeur Matthias Schick, responsable de l'élevage et de l'économie laitière au Strickhof.

Changement de mentalité

En tant que producteur de lait actif, le président de TMP Daniel Vetterli connaît parfaitement les préoccupations de la pratique. Il a montré où se situait le problème à l'aide d'exemples concrets, tels que la révision des directives en matière de fumure (p. ex. Suisse-Bilanz) ou la mise en œuvre de la trajectoire de réduction des éléments nutritifs et des produits phytosanitaires. La recherche ne doit pas se cantonner au laboratoire. Il faut absolument encourager la recherche à la ferme, qui est encore trop rare. Seule une telle recherche peut prendre en compte le système global d'une exploitation agricole et d'une vache laitière et apporter des solutions applicables et efficaces.

L'évolution des défis modifie les préoccupations de la recherche

Outre les producteurs et productrices de lait, l'industrie de la transformation est également intéressée par les résultats de la recherche. Manuel Hauser a souligné que l'économie laitière est le secteur agricole le plus important et qu'elle représente plus de 160 000 emplois. Un secteur d'une telle importance systémique a besoin d'innovation et doit également être soutenu par la recherche publique. L'industrie laitière, qui transforme environ 65% du lait, a besoin de résultats fiables sur lesquels elle puisse s'appuyer dans la tourmente des mégatendances que sont la durabilité, le climat, le bien-être animal, l'alimentation, la technologie et la rentabilité. En outre, il est important non seulement que les instituts de recherche agronomique étatiques se coordonnent entre eux, mais qu'ils le fassent également avec la recherche privée: c'est la seule façon d’identifier et de résoudre les points de tension dans la filière du lait.

Utilisation efficace des ressources pour nourrir la planète

Compte tenu des 9 milliards d'habitants que comptera bientôt la planète, la production agricole devra nécessairement augmenter. Dans ce contexte, les animaux de rente jouent un rôle très important en tant que fournisseurs de protéines et de valeur ajoutée. Parallèlement, Susanne Ulbrich, de l'EPFZ, a souligné que le bétail bovin pouvait également avoir un côté problématique en termes d’utilisation des terres, d'impact sur le climat et de consommation d'eau. Pour pouvoir exploiter le côté positif du bétail bovin, il faut rapidement améliorer l'efficience des ressources. Pour ce faire, la recherche fondamentale est nécessaire. C'est la seule façon de créer la base nécessaire pour générer des résultats de recherche pertinents pour la pratique. L'EPFZ transmet ses connaissances à la pratique en premier lieu par l’intermédiaire d'Agrovet-Strickhof.

Agroscope veut offrir une plus-value

Eva Reinhard souligne également que la recherche ne doit pas se faire dans un seul bureau. Chez Agroscope, "co-création" est un mot clé: la station de recherche axe toujours très nettement son programme de recherche sur la collaboration entre les partenaires de la recherche et les besoins de la pratique. L'innovation est un point central pour répondre aux défis actuels et futurs. Prenant pour exemple la production de microalgues destinées à réduire les émissions dues à l'alimentation du bétail laitier, elle a montré qu'Agroscope s'est déjà engagée avec succès dans cette voie. Pour Agroscope, l'exploitation efficiente des herbages reste un facteur de succès décisif en production laitière, qui va encore se renforcer avec l'appel croissant à la durabilité. Comme les exploitations laitières et les transformateurs jouent un rôle central dans la mise en œuvre pratique, Agroscope essaie de donner encore plus de poids au transfert de connaissances.

Institut de formation proche de la pratique

En tant qu'institution de formation, la HAFL affirme que la recherche doit pouvoir être appliquée. C'est pourquoi, en plus de l'enseignement et de la formation continue, elle mène également de la recherche appliquée avec une approche systémique, dans l'idée que les connaissances théoriques ne fonctionnent pas forcément dans la pratique et surtout, que ce qui est efficace n'est pas forcément rentable. Pour Beat Reidy, ce dernier point est essentiel pour que les résultats de la recherche soient appliqués dans la pratique. Mais il est certain qu’en plus d'une recherche axée sur l'application comme celle de la HAFL, il faut aussi une recherche fondamentale indépendante.

Concurrence entre les thèmes, mais pas entre les institutions

Lors de la table ronde animée par Matthias Schick, tout le monde s’accordait à dire que la recherche est nécessaire, qu'elle soit appliquée ou fondamentale. Quant à savoir quel rôle doit jouer quelle organisation, les avis étaient plus partagés. Si chacun fait toujours de la recherche dans ce qu'il sait faire le mieux, il faut une très bonne coordination pour éviter les doublons et que quelqu'un prenne finalement en main la communication avec la pratique. Le modèle de la recherche à la ferme (on-farm research) semble être un modèle accepté pour favoriser l'applicabilité des résultats de la recherche dans un système d'exploitation global.

Tous les exposés ainsi qu'un enregistrement vidéo (en allemand) peuvent être téléchargés sur www.swissmilk.ch/fr/producteurs-de-lait/foires-evenements/forum-du-lait/.

Renseignements

Heinz Minder
Communication de PSL
031 359 53 18

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