Du lait sans détours

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Histoire d'ici

Du lait sans détours

Consommateurs et producteurs se rapprochent. L'équipe qui produit notre podcast s'est rendue à la Petite Épicerie, un magasin à la ferme 2.0 à Bavois. Et dans cette histoire d'ici, nous partons à la découverte de la ferme "Im Basi", qui pratique l'agriculture solidaire.

Les clients donnent un coup de main

Il est un peu plus de huit heures et c'est l'heure du petit-déjeuner à la ferme "Im Basi", dans la commune zurichoise de Dietikon. Mali, elle aussi, mâche du foin dans l'étable. Cette vache de race Brune originale vit avec une vingtaine de ses congénères sur l'exploitation d'Anita Triaca et Fabian Brandenberger, où elles produisent environ 145 000 litres de lait par an. D'ailleurs, les consommateurs·trices de ce lait connaissent personnellement les "productrices". En effet, plusieurs fois par an, les client·es sont invités à donner un coup de main: c'est ce que l'on appelle "l'agriculture solidaire".

Anita Triaca et Fabian Brandenberger

Anita Triaca et Fabian Brandenberger

Du lait de la campagne pour la ville
Du lait de la campagne pour la ville

L'hygiène est primordiale

Aujourd'hui, Jessica Rüegger est venue de la ville de Zurich pour travailler environ trois heures à la ferme. Au programme: la mise en bouteille du lait. La propriétaire de la ferme, Anita, lui montre comment faire. Même si la médecin zurichoise est déjà venue plusieurs fois, elle écoute avec attention car l'hygiène des appareils est très importante lorsqu'on travaille avec des produits laitiers. "Je trouve génial d'avoir un lien avec l'endroit d'où proviennent les aliments que je mange, même en vivant en ville", déclare Jessica Rüegger.

Je trouve génial d'avoir un lien avec l'endroit d'où proviennent les aliments que je mange, même en vivant en ville.

Jessica Rüegger, médecin et membre de la coopérative Basimilch

Depuis un grand réservoir, elle verse le lait dans une bouteille en verre à travers un fin robinet métallique, visse le bouchon puis colle une étiquette avec la date limite de conservation sur la bouteille. Elle dépose ensuite la bouteille dans une caisse portant l'inscription "Kalkbreite". C'est là, en plein centre de Zurich, que se trouve l'un des 17 dépôts de la coopérative "Basimilch". Peu avant midi, d'autres membres de la coopérative viennent chercher les caisses et les distribuent.

La ferme "Basi" produit dix sortes de fromage
La ferme "Basi" produit dix sortes de fromage

Directement de la vache à la fromagerie

La ferme comprend également une fromagerie, où trois fromagères transforment le lait en dix sortes de fromage, en séré et en yogourt. Ces produits sont disponibles uniquement au distributeur de la ferme ou par abonnement. En effet, le chemin direct du lieu de production à la clientèle est essentiel dans l'agriculture solidaire.

L'agriculture solidaire

Dans l'agriculture solidaire, les agriculteurs·trices produisent directement pour leur clientèle et celle-ci participe à l'organisation et au travail à la ferme. De cette façon, les paysan·nes ont une garantie d'achat par leurs abonné·es, qui reçoivent en contrepartie régulièrement des aliments frais. L'un des objectifs de l'agriculture solidaire est de permettre aux consommateurs·trices d'avoir un lien direct avec les aliments dont ils se nourrissent et leur méthode de production. L'idée de durabilité est au cœur de ce modèle, qui existe en Suisse depuis les années 1970.

La ferme "Im Basi" est bio et solidaire depuis sept ans.
La ferme "Im Basi" est bio et solidaire depuis sept ans.

Une agriculture solidaire depuis sept ans

C'est par nécessité qu'Anita Triaca et son mari ont opté pour le modèle solidaire il y a sept ans. Après avoir repris l'exploitation laitière des parents d'Anita et s'être convertis au bio, ils n'arrivaient pas à vendre leur lait. "Il n'y avait tout simplement pas de camion bio qui passait devant notre ferme", explique Anita. Si leur lait avait été collecté par un camion ordinaire, il aurait été mélangé à celui de l'agriculture conventionnelle. Tous leurs efforts de conversion au bio auraient alors été vains.

Monter un tel projet avec des légumes ou des produits laitiers, ce sont deux choses complètement différentes.

Fabian Brandenberger, producteur de lait

"Au début, nous avions des craintes"

"Avant de nous lancer, nous connaissions déjà la coopérative Ortoloco à Dietikon, qui pratique le maraîchage solidaire", explique Fabian Brandenberger. L'idée leur a toujours plu. "Mais nous avions aussi des craintes: monter un tel projet avec des légumes ou des produits laitiers, ce sont deux choses complètement différentes", dit-il. Finalement, ce projet leur a permis d'assurer leur subsistance et de donner une valeur ajoutée à la ferme.

Un meilleur prix du lait grâce à la coopérative

Désormais, Anita et son mari obtiennent un prix nettement plus élevé pour leur lait que s'ils le livraient à une laiterie. Actuellement, ils reçoivent 1 franc par litre. "C'est ce que nous avions prévu au départ", explique Anita. "Nous avons ainsi une situation plus confortable que d'autres fermes en ce qui concerne le prix du lait", dit-elle. Lorsque ce prix ne couvre plus les dépenses, l'assemblée de la coopérative vote une augmentation. "La plupart des membres sont très bienveillants et n'hésitent pas à payer un peu plus pour leur lait", rapporte Anita.

Mali et ses congénères ne mangent que du foin et de l'herbe

Mali et ses congénères ne mangent que du foin et de l'herbe

"Nous produisons moins de lait tout en ayant des coûts plus élevés", ajoute Fabian Brandenberger. En effet, à la ferme "Im Basi", les vaches ne sont nourries que d'herbe et de foin. De plus, la Brune originale est une race à deux fins. Elle tombe donc moins souvent malade, mais elle produit nettement moins de lait que les vaches purement laitières.

Durabilité

Le magasin à la ferme près de chez vous

Les membres de la coopérative estiment à sa juste valeur le travail que nous fournissons chaque jour.

Anita Triaca, productrice de lait

Un travail reconnu à sa juste valeur

Bien sûr, un système dans lequel les consommateurs·trices apportent leur aide a aussi ses inconvénients. On le constate aujourd'hui: deux membres se sont désistés au dernier moment et les agriculteurs doivent couper et emballer le fromage eux-mêmes. "Mais cela n'était plus arrivé depuis longtemps", souligne Anita. Quoi qu'il en soit, le couple apprécie énormément le contact avec les membres de la coopérative. Ils partagent tous, selon eux, une attitude similaire vis-à-vis des aliments et de leur production. "Ils estiment à sa juste valeur le travail que nous fournissons chaque jour", déclare Anita.

Aide à la découpe du fromage
Aide à la découpe du fromage

Recul après la pandémie

Dès le début, les abonnements se sont très bien vendus. "Parfois, nous étions presque à la limite de nos capacités", explique Fabian. Après sept années de vaches grasses, un recul est désormais constaté au cours de la huitième année. En effet, beaucoup de personnes qui ont pris un abonnement pendant la pandémie ne veulent plus s'engager. Cela fait un peu peur au couple d'agriculteurs, qui relève toutefois que le calcul de l'agriculture solidaire fonctionne. Leur revenu est certes resté à peu près le même qu'avant. "Mais nous ne sommes plus obligés de courir tout le temps."

Produire du lait par passion

Le couple a repris l'exploitation laitière des parents d'Anita en 2007. "Nous avons eu de la chance que la ferme n'ait jamais été endettée", disent-ils. De plus, les parents d'Anita avaient déjà innové, en installant par exemple un distributeur de lait et en proposant un champ de fleurs à cueillir soi-même. Anita a étudié la médecine vétérinaire, ce qui l'aide souvent à la ferme. Fabian, quant à lui, voulait devenir tondeur de moutons après une année d'échange en Nouvelle-Zélande. Il a finalement opté pour une formation d'agriculteur, faute de place d'apprentissage de tondeur. Il a ensuite étudié l'agronomie à la haute école spécialisée.